Les utilisateurs de Polymarket parient sur un retour de Jésus en 2025
Dans le monde foisonnant des plateformes de prédiction décentralisées, Polymarket se distingue par sa capacité à transformer n’importe quel événement en pari lucratif. Élections, cours des cryptomonnaies ou résultats sportifs : tout y passe. Mais ce sont les marchés les plus improbables, mêlant théologie, politique et pop culture, qui captent l’attention et interrogent sur la frontière entre divertissement et spéculation sérieuse.
Jésus-Christ de retour en 2025 : un pari à 163 862 $
L’un des paris les plus surprenants de Polymarket concerne le retour du Messie. Intitulé « Will Jesus Christ return in 2025 ? », ce vote affiche une probabilité de 3,2 % pour le « Oui » et 96,9 % pour le « Non », avec un volume de transactions atteignant 163 862 $ au 4 avril 2025. Selon les termes officiels, le « Oui » l’emportera si la Seconde Venue se produit avant le 31 décembre 2025 à 23h59 (ET), jugée par un « consensus de sources crédibles ».
Donc selon les "spéculateurs" de Polymarket, on a plus de chance de voir Jésus faire son grand retour cette année que l'Ethereum $ETH à 5000 $ 😅 pic.twitter.com/3xhYbDF7Ja
Pendant que le marché subit la chute du SP500, les blagues vont bon train autour de cette spéculation :
“Donc selon les « spéculateurs » de Polymarket, on a plus de chance de voir Jésus faire son grand retour cette année que l’Ethereum $ETH à 5000 $”, déclare l’influenceur et mineur Bitcoin français MonsieurTK.
Sur les forums et réseaux sociaux, les réactions oscillent entre ironie et débat métaphysique. « Si Jésus revient, je serai riche ET béni », plaisante un parieur pseudonyme. Un autre avertit : « Miser sur le Non, c’est risquer sa place au paradis pour un rendement minable ! » Mais une question persiste : qui définira la « crédibilité » d’un tel événement ? Ce flou méthodologique transforme ce pari en une énigme aussi spéculative que théologique.
Elon Musk, TikTok et géopolitique : des paris en tout genre
Polymarket ne s’arrête pas à la religion. Parmi les autres marchés insolites, « Elon Musk quittera-t-il l’administration Trump avant juillet 2025 ? » affiche 38 % de chances, avec 443 000 $ misés. Cette côte reflète les doutes sur l’engagement du patron de Tesla et SpaceX dans un rôle politique, entre génie imprévisible et surcharge d’ambitions.
TikTok, au cœur des tensions sino-américaines, inspire aussi les parieurs. « TikTok banned again before May 2025 ? » grimpe à 44 %, tandis que « TikTok sale announced before May ? » stagne à 23 %. Avec plus d’un million de dollars échangés sur ces sujets, les utilisateurs scrutent l’avenir de l’application autant que les décisions de Washington.
Polymarket predicts that Mark Carney's Liberal party will win the election in Canada, at 68% chance: pic.twitter.com/Jp1NmxvQ4B
Les conflits mondiaux ne sont pas épargnés. « Israel military action against Iran before July ? » atteint 31 %, et « Russia-Ukraine ceasefire before July ? » plafonne à 25 %. Même la Réserve fédérale américaine devient un terrain de jeu avec « How many Fed rate cuts in 2025 ? », où les parieurs anticipent la politique monétaire. La politique Canadienne n’y échappe pas également.
Des débats au-delà des paris : un laboratoire social grandeur nature
Mais ce foisonnement de paris soulève des débats. Est-il moral de spéculer sur des guerres ou des événements religieux ? Polymarket, en opérant offshore pour échapper à la régulation américaine (CFTC), navigue dans une zone grise.
Par exemple, en France, l’Autorité Nationale des Jeux (ANJ) a bloqué l’accès au site fin 2024, bien que les VPN permettent de contourner cette restriction. Cette ambiguïté juridique alimente les critiques, mais n’entame pas l’engouement.
Par ailleurs, au-delà de l’excentricité, Polymarket intrigue par son potentiel d’ »oracle collectif ». Les cotes, fruit de milliers de mises, reflètent une intelligence agrégée, souvent plus réactive que les sondages traditionnels. Des analystes, y compris en finance et géopolitique, consultent ces données pour affiner leurs prévisions, convaincus que l’argent réel révèle des intuitions brutes.
As the Woke "religion" fades, a new belief system seems to be taking its place—the "@Polymarket religion."
In this worldview, truth isn’t dictated by ideology but by probabilities. Narratives crumble under the weight of predictions, and faith shifts to the collective wisdom of… pic.twitter.com/7DcK83SUmR
« Dans cette vision du monde, la vérité n’est pas dictée par l’idéologie, mais par les probabilités. Les récits s’effondrent sous le poids des prédictions, et la foi se déplace vers la sagesse collective des parieurs et des prévisionnistes. On passe d’une morale délirante à une idiocratie pragmatique statistique – un monde où les valeurs et les nuances sont réduites à des chiffres et des probabilités.
La question est : évoluons-nous vers la vérité ou troquons-nous simplement une forme de foi aveugle contre une autre ? » écrit Alexander Goisman.
Que Jésus revienne ou non en 2025, que TikTok disparaisse ou qu’Elon Musk claque la porte de l’administration Trump, Polymarket continuera d’alimenter les spéculations les plus folles. À mi-chemin entre casino numérique et laboratoire social, la plateforme illustre une ère où la technologie blockchain fusionne avec nos obsessions collectives. Dans ce théâtre de l’improbable, les parieurs audacieux pourraient bien décrocher le jackpot en devinant l’indevinable.
Charles Ledoux est un spécialiste du Bitcoin et des nouvelles technologies blockchain. Il est diplômé de la Crypto Academy et est également un mineur Bitcoin depuis plus d'un an.
Il a écrit de nombreuses masterclass pour éduquer les nouveaux venus dans l'industrie et plus de 2000 articles. Il désire désormais transmettre sa passion pour la crypto au travers de ses articles pour InvestX.
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