Chute violente des actions de minage Bitcoin suite aux tarifs douaniers

Une industrie du minage dans la tourmente

L’industrie du minage de Bitcoin traverse une période tumultueuse depuis l’annonce, mercredi dernier, de nouveaux droits de douane sur les importations en provenance d’Asie. Ces mesures, qualifiées de « Jour de la Libération » par le gouvernement de Trump, frappent de plein fouet un secteur déjà confronté à des défis logistiques. 

Avec des taxes variant entre 24 % et 37 %, les coûts des équipements essentiels au minage, majoritairement fabriqués dans des pays comme l’Indonésie, la Malaisie ou la Thaïlande, s’envolent, mettant sous pression les opérateurs américains.

Le géant Bitmain, qui contrôle environ 90 % du marché des ASIC (circuits intégrés spécifiques au minage), illustre cette vulnérabilité. Bien que l’entreprise ait tenté de diversifier sa production en ouvrant une usine aux États-Unis l’an passé, la majorité de ses machines reste produite en Asie. Résultat : les mineurs américains, dépendants de ces importations, voient leurs marges se réduire à mesure que les coûts grimpent.

Les marchés réagissent avec crainte à ces annonces

Les répercussions financières n’ont pas tardé à se manifester. Jeudi, les titres des principales sociétés de minage cotées en bourse ont enregistré des pertes marquées, amplifiées par la nervosité des investisseurs. Voici les chiffres clés au 4 avril 2025 :

• Marathon Digital Holdings (MARA) : -8 %, clôturant à 10,75 USD.
• Riot Platforms (RIOT) : -7 %, avec un cours à 7,035 USD.
• Core Scientific (CORZ) : -10 %, tombant à 6,94 USD.

Ces baisses traduisent les craintes d’une érosion de la rentabilité dans un secteur où la compétitivité repose sur des coûts opérationnels maîtrisés. Avec des équipements plus chers et des délais d’approvisionnement persistants – les ports américains ayant accumulé des retards ces derniers mois –, les mineurs locaux risquent de perdre du terrain face à leurs concurrents internationaux.

D’autant plus que les prix des ASICs dépendent des conditions du marché. Avec l’explosion du hash rate malgré la baisse du cours, seules les grosses sociétés capables d’amortir ces pertes et ces coûts peuvent survivre. 

Un « Bitcoin made in America » en péril

Paradoxalement, cette crise survient alors que Donald Trump avait fait du développement du minage de Bitcoin aux États-Unis un axe fort de sa campagne électorale. Promettant de transformer le pays en hub mondial de la crypto, il avait séduit une partie des acteurs du secteur. La famille Trump a également annoncer investir dans cette industrie en pleine expansion.

Pourtant, les tarifs douaniers actuels contredisent cet objectif, rendant l’autonomie industrielle plus difficile à atteindre. Si Bitmain a amorcé une production locale, celle-ci reste marginale face à l’ampleur des besoins du marché américain.

Cette situation pourrait également freiner les investissements dans des infrastructures domestiques, alors que les entreprises doivent déjà jongler avec la volatilité du Bitcoin et les coûts énergétiques élevés. Pour beaucoup, le rêve d’un « Bitcoin made in America » s’éloigne, victime collatérale d’une politique protectionniste aux effets imprévus.

Quelles perspectives pour les investisseurs ?

Pour les acteurs du marché crypto, cette chute des cours boursiers est un signal d’alarme. À court terme, la pression sur les titres comme MARA, RIOT et CORZ pourrait se prolonger, surtout si aucune solution rapide n’émerge pour contourner les tarifs. Les analystes identifient plusieurs points à surveiller :

1. Adaptation des coûts : Les entreprises pourraient chercher à renégocier leurs contrats ou à accélérer la production locale d’équipements.
2. Marges opérationnelles : Une compression des profits pourrait pousser certains mineurs à réduire leurs opérations ou à augmenter leurs tarifs.
3. Réaction de Washington : Une éventuelle révision des politiques commerciales pourrait atténuer l’impact à moyen terme.

Dans ce climat d’incertitude, les investisseurs sont invités à adopter une approche prudente. Diversifier ses placements au-delà des seules valeurs de minage et privilégier les entreprises capables de s’adapter rapidement aux bouleversements géopolitiques devient une stratégie clé.

Selon DefaiAlpha, les mineurs sont alors poussés à acheter massivement des machines avant que les taxes deviennent effectives. Mais surtout, les mineurs seront plus poussés à revendre leurs Bitcoin pour couvrir les coûts plus élevés à l’avenir, tirant également le cours du BTC vers le bas.

En somme, la dégringolade des actions des mineurs de Bitcoin met en lumière une vérité incontournable : l’industrie crypto, malgré son image disruptive, n’échappe pas aux dynamiques économiques traditionnelles.

Les tensions commerciales internationales rappellent que la blockchain et les cryptomonnaies restent ancrées dans un monde physique, où les chaînes d’approvisionnement et les décisions politiques jouent un rôle déterminant. Pour les investisseurs, intégrer ces facteurs dans leurs analyses devient essentiel pour naviguer dans un marché aussi prometteur qu’imprévisible.

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