Qu’est-ce que les rotations sectorielles ?
La rotation sectorielle se réfère au processus par lequel l’argent investi sur les marchés boursiers se déplace d’un secteur à un autre.
Ces mouvements sont généralement guidés par des changements dans le cycle économique, car différents secteurs ont des performances variables à différentes phases du cycle.
Par exemple, lors d’une phase de croissance économique, les secteurs cycliques comme l’industrie lourde ou les biens de consommation discrétionnaire peuvent surperformer, tandis que pendant une phase de ralentissement ou de récession, les secteurs défensifs comme les soins de santé ou les services publics peuvent avoir de meilleures performances.
Historique des rotations sectorielles les plus importantes
Il y a eu plusieurs rotations sectorielles notables dans l’histoire des marchés financiers. En voici quelques-unes :
La bulle Internet (1995-2000)
Cette période a vu une rotation massive des investissements vers les entreprises technologiques, en particulier celles qui étaient associées à l’Internet. Les évaluations de ces entreprises sont montées en flèche, souvent malgré le manque de revenus ou de profits. Cela s’est finalement terminé avec l’éclatement de la bulle en 2000.
La crise financière mondiale (2007-2009)
Avant la crise, il y a eu une rotation vers le secteur financier, en partie due à la hausse des prix de l’immobilier et à l’expansion du crédit. Cependant, après l’éclatement de la bulle immobilière et l’effondrement de plusieurs grandes institutions financières, l’argent a quitté le secteur financier pour se diriger vers des secteurs plus défensifs.
La pandémie COVID-19 (2020-2021)
La pandémie a déclenché une rotation vers les technologies et les services de santé, car les confinements ont favorisé le travail à distance et la télécommunication, tandis que la nécessité de développer et de distribuer des vaccins a stimulé l’industrie pharmaceutique.
Par la suite, avec l’avancement des campagnes de vaccination et la réouverture de l’économie, une rotation vers les secteurs cycliques tels que le tourisme et l’industrie lourde a commencé.
Quels indicateurs pour identifier les rotations sectorielles ? (Analyse technique, fondamentale)
L’identification des rotations sectorielles peut être réalisée à l’aide d’une combinaison d’analyse technique et fondamentale.
Analyse technique
L’analyse technique se concentre sur l’étude des graphiques de prix et de volume pour identifier les tendances et les modèles.
En ce qui concerne la rotation sectorielle, les traders peuvent utiliser des outils tels que les ratios de performance relative pour comparer les performances d’un secteur par rapport à un indice de référence, comme le S&P 500. Si un secteur commence à surperformer l’indice, cela peut indiquer une rotation en cours.
Analyse fondamentale
L’analyse fondamentale, quant à elle, examine les facteurs économiques et financiers qui peuvent affecter la valeur des entreprises.
Cela peut inclure des indicateurs macroéconomiques tels que le taux de croissance du PIB, les taux d’intérêt, l’inflation, ainsi que des facteurs spécifiques à chaque entreprise ou secteur.
Par exemple, si les indicateurs économiques signalent une reprise économique, cela pourrait indiquer une rotation vers les secteurs cycliques. De même, si un secteur est en train de bénéficier d’innovations technologiques ou réglementaires qui peuvent améliorer sa rentabilité, cela pourrait également indiquer une rotation vers ce secteur.
Identification des rotations et spécificités
Il est important de noter que l’identification des rotations sectorielles est autant un art qu’une science, et elle nécessite une compréhension approfondie des dynamiques du marché et de l’économie.
Cependant, avec les bons outils et une perspective informée, les traders et les investisseurs peuvent naviguer efficacement à travers ces mouvements et possiblement améliorer leurs rendements.
Quels facteurs influencent les rotations sectorielles ?
La rotation sectorielle est une dynamique complexe influencée par un éventail de facteurs interconnectés. Comprendre ces forces peut aider les traders et les investisseurs à mieux anticiper et répondre aux tendances changeantes du marché.
Secteurs cyclique et non cyclique
En complément de ce qui a été dit, nous abordons souvent les concepts de secteurs cycliques et non-cycliques. Pour illustrer cela, prenons les services cycliques par rapport aux services non-cycliques. Nous mentionnons souvent les secteurs défensifs comme étant non-cycliques, tandis que les secteurs cycliques sont considérés comme plus offensifs.
Illustration d’un secteur non cyclique
Pour illustrer concrètement un secteur non-cyclique ou défensif, le secteur des télécommunications est un excellent exemple.
Ce secteur est essentiel quelle que soit la situation économique : il est nécessaire pour l’accès à Internet, pour le fonctionnement des téléphones, pour effectuer des réunions sur Zoom, etc.
Sa pertinence a été particulièrement remarquée durant les périodes de confinement. Ainsi, il est apparent que le secteur des télécommunications est non-cyclique et défensif, ce qui en fait un candidat potentiel pour un investissement à long terme.
Secteur non cyclique défensif
Les secteurs non-cycliques et défensifs, comme celui des télécommunications, ont tendance à être moins volatils.
Prenons par exemple le secteur pharmaceutique. Durant la pandémie de COVID-19, beaucoup ont envisagé d’investir dans ce secteur, anticipant un potentiel essor avec le développement des vaccins.
Cependant, la nature non-cyclique du secteur pharmaceutique signifie que, bien que certains titres puissent connaître des augmentations de 5, 10, 15, 50, voire 100 %, le secteur dans son ensemble peut rester relativement stable, fluctuant seulement de plus ou moins 10 %.
Rappel
Cela peut sembler ennuyeux, mais il est important de rappeler que ces secteurs non-cycliques et défensifs apportent une stabilité à un portefeuille d’investissement. Même si leur croissance peut être modérée pendant les périodes de hausse du marché, leur baisse est souvent moins drastique pendant les périodes de récession. Ils peuvent aussi se rétablir plus rapidement.
En résumé, les concepts de secteurs cycliques et non-cycliques, ou défensifs et offensifs, bien qu’ils aient leurs nuances, sont fondamentalement liés à la gestion de portefeuille et à la rotation sectorielle.
Les Modèles de croissance et autres facteurs
Les modèles de croissance économique, et en particulier les cycles économiques, sont des moteurs essentiels de la rotation sectorielle.
Par exemple, pendant une phase d’expansion économique, les secteurs cycliques tels que l’industrie et la technologie ont tendance à surperformer. À l’inverse, pendant une récession, les secteurs défensifs comme les services publics et les soins de santé ont généralement une meilleure performance.
La rotation sectorielle est donc en partie une réponse aux modèles de croissance économique.
Les facteurs économiques
D’autres facteurs économiques peuvent également jouer un rôle. Par exemple, les taux d’intérêt influencent le coût du crédit pour les entreprises et les consommateurs, ce qui peut avoir un impact sur la performance de différents secteurs.
L’inflation, l’emploi et le sentiment des consommateurs sont d’autres facteurs économiques qui peuvent influencer les rotations sectorielles.
Les facteurs technologiques
Les progrès technologiques peuvent provoquer des rotations sectorielles en créant de nouvelles opportunités d’investissement et en rendant d’autres obsolètes.
Par exemple, l’essor d’Internet a déclenché une rotation vers le secteur technologique dans les années 1990. Plus récemment, l’adoption croissante des technologies vertes et des énergies renouvelables a stimulé l’investissement dans ces secteurs.
Les facteurs sociétaux
Les changements sociétaux, qu’il s’agisse de préférences de consommation, de normes sociales ou de réglementations, peuvent également entraîner des rotations sectorielles.
Par exemple, la préoccupation croissante pour l’environnement et le bien-être social a favorisé l’investissement dans les entreprises durables et responsables.
Les stratégies d’investissement basées sur les rotations sectorielles (top down ? bottom up ?)
Il existe différentes stratégies d’investissement basées sur la rotation sectorielle. Une approche top-down se concentre sur l’analyse des facteurs macroéconomiques et des cycles économiques pour identifier les secteurs qui devraient surperformer à différents stades du cycle.
Une fois ces secteurs identifiés, les investisseurs peuvent ensuite sélectionner des actions individuelles au sein de ces secteurs.
À l’inverse, une approche bottom-up se concentre sur l’analyse des entreprises individuelles, indépendamment du secteur. Cette approche peut également tirer parti des rotations sectorielles en identifiant des entreprises qui sont susceptibles de surperformer, quel que soit le secteur dans lequel elles se trouvent.
Trouver le bon timing
Il est vrai que nombreux sont ceux qui ont succombé à la tentation des valeurs cycliques, certains achetant trop tôt et d’autres vendant probablement trop tard.
La volatilité de ces valeurs et leur lien avec les tendances du marché peuvent souvent entraîner des pertes, notamment en comparaison avec la performance constante de nombreuses valeurs de croissance.
Cependant, seul le temps nous permettra d’évaluer l’impact de ces décisions sur le long terme.
Fluctuation des taux d’intérêt
La fluctuation des taux d’intérêt est un bon exemple de cette incertitude. Depuis plus d’un an, les changements de taux d’intérêt ont souvent signalé de faux départs.
La popularité des valeurs bancaires est largement basée sur la hausse des taux d’intérêt, mais compte tenu de l’endettement élevé de nombreuses économies et des politiques très « accommodantes » des banques centrales, il reste à voir comment cela affectera leur potentiel de croissance.
La question est alors de savoir si ces taux plus élevés, ou d’autres facteurs positifs, pourraient convertir des valeurs intrinsèquement cycliques en valeurs de croissance durables. Cela semble peu probable, étant donné la difficulté de transformer un modèle commercial cyclique en un modèle de croissance.
Cependant, il est important de noter que personne ne s’attend à une telle transformation. L’attrait des valeurs cycliques réside dans leur capacité à réaliser une courte accélération haussière, comme l’illustrent les graphiques sur 20 ou 30 ans. L’objectif principal est de pouvoir profiter de cette hausse et de prendre rapidement des bénéfices.
Les points positifs et limites des rotations sectorielles
La rotation sectorielle offre plusieurs avantages. Elle permet aux investisseurs de capitaliser sur les opportunités offertes par les différents stades du cycle économique et d’adapter leurs portefeuilles en fonction des conditions changeantes du marché.
Cependant, la rotation sectorielle a aussi ses limites. Prédire avec précision le timing et l’ampleur des rotations sectorielles peut être difficile.
De plus, la sur-réaction aux tendances du marché peut conduire à des investissements excessifs dans des secteurs surévalués, avec le risque de pertes importantes lorsque la tendance se renverse.
Notre avis sur l’utilité de la rotation sectorielle en trading et investissement
La rotation sectorielle peut être un outil précieux pour les traders et les investisseurs qui cherchent à optimiser leurs rendements et à gérer leur exposition aux risques.
Cependant, comme pour toute stratégie d’investissement, il est essentiel de l’appliquer avec prudence et de bien comprendre les forces sous-jacentes qui influencent les rotations sectorielles.
Une utilisation judicieuse de la rotation sectorielle peut aider à diversifier un portefeuille et à naviguer efficacement à travers les différents stades du cycle économique.