L’Inde lance sa CBDC officielle tandis qu’une taxe de 30% frappe les cryptomonnaies
L'Inde adopte une position paradoxale : le pays domine l'indice d'adoption crypto mondial 2025 tout en imposant l'une des fiscalités les plus agressives du secteur. Pendant ce temps, la Reserve Bank of India finalise le lancement d'une monnaie digitale d'État qui pourrait redéfinir le paysage financier du pays. Entre innovation technologique et contrôle gouvernemental, New Delhi trace une voie qui divise autant qu'elle intrigue.
Une CBDC indienne pour concurrencer les stablecoins privés
Lors de la Commission Mixte Inde-Qatar sur la Coopération Économique et Commerciale, le ministre du Commerce Piyush Goyal a officialisé les plans du gouvernement concernant le lancement d’une monnaie numérique de banque centrale (CBDC). Cette annonce marque un tournant stratégique dans la politique indienne face aux cryptomonnaies décentralisées.
La monnaie digitale de la RBI sera un stablecoin gouvernemental, adossé à la Reserve Bank of India. Goyal l’a comparée aux stablecoins américains, mais a insisté sur une différence clé , la garantie étatique totale, visant efficacité et traçabilité des transactions.
Cette CBDC vise à remplacer progressivement la monnaie physique pour les transactions quotidiennes. Le gouvernement met en avant trois avantages principaux :
- des règlements quasi-instantanés comparés aux systèmes bancaires traditionnels,
- une surveillance renforcée contre la fraude et le blanchiment,
- et une réduction significative des coûts liés à l’impression monétaire.
La dimension écologique du projet n’échappe pas aux autorités, qui insistent sur l’économie de papier et la modernisation du système monétaire.
Fiscalité crypto , 93% des Indiens veulent des règles
Le cadre réglementaire actuel révèle une approche purement fiscale qui frustre massivement la communauté crypto indienne. Le gouvernement impose un flat tax de 30% sur tous les gains en cryptomonnaies, accompagné d’une retenue à la source (TDS) de 1% sur chaque transaction dépassant 10 000 roupies. Cette politique transforme chaque trade en événement fiscal documenté.
Une enquête Mudrex portant sur 9 352 participants expose un décalage majeur entre les attentes citoyennes et les décisions gouvernementales.
- 93% des répondants soutiennent une réglementation crypto structurée,
- mais seulement 13% approuvent le système de taxation actuel.
- Plus révélateur encore : 66% identifient cette fiscalité comme le principal frein à l’investissement crypto.
Cependant, la position officielle reste claire : L’Inde ne souhaite ni encourager ni interdire les cryptomonnaies non adossées. Ainsi, Goyal justifie la taxation élevée par les risques intrinsèques liés aux actifs décentralisés. En conséquence, cette stratégie du « ni-ni » se traduit par une neutralité hostile, qui privilégie les revenus fiscaux immédiats plutôt que le développement d’un écosystème innovant.
Le paradoxe indien atteint son apogée avec le classement 2025 de l’Indice d’Adoption Globale, où le pays occupe la première place mondiale pour l’adoption crypto. Cette performance, malgré un cadre réglementaire strict, illustre la résilience et l’intérêt croissant des investisseurs indiens. Des acteurs comme la Bharat Web3 Association et l’infrastructure UPI favorisent l’intégration des solutions blockchain dans l’économie réelle.
Cette dynamique soulève une question clé : l’Inde peut-elle maintenir son leadership tout en imposant une fiscalité lourde ? La CBDC de la RBI pourrait canaliser cet engouement vers un écosystème contrôlé, alliant innovation et supervision étatique.
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