Celsius, qu’est ce que c’est ?
Celsius Network est une plateforme de prêt en crypto-monnaies fondée en 2017 par Alex Mashinsky, Daniel Leon et Nuke Goldstein.
Avant sa retentissante faillite en 2022, la société disposait de bureaux dans quatre pays et opérait à l’échelle mondiale. Il s’agissait clairement de l’un des gestionnaires d’actifs les plus importants de l’écosystème crypto.
Son fonctionnement se voulait simple, et obéissait au principe de la finance décentralisée. La plateforme proposait notamment des solutions d’earning (prêt), de lending (prêt) et de borrowing (emprunt).
Le business model de Celsius consistait notamment à permettre aux personnes déposant des cryptomonnaies sur la plateforme de bénéficier d’intérêts plus ou moins importants selon la monnaie virtuelle déposée.
Ces intérêts étaient eux-mêmes payés en crypto, et notamment avec le propre token de la plateforme : le CEL.
Une partie de l’argent utilisé par Celsius pour financer les prêts provenait de fonds spéculatifs qui recherchaient des rendements plus élevés que ceux offerts par les banques.
Ce modèle a permis à Celsius d’être un des leaders de son secteur pendant un certain nombre d’années. Pourtant, la société est aujourd’hui en faillite.
Comment un tel géant du monde de la crypto a pu en arriver là ?
L’histoire de Celsius
Au fond, l’histoire de Celsius Network ressemble par beaucoup d’aspects à celles d’un certain nombre de plateformes de cryptomonnaies ayant fait faillite ces dernières années – MtGox, par exemple : une réussite remarquable, puis une chute impressionnante.
L’impact d’Alex Mashinsky
Suite à sa création en 2017, Celsius ne tarde pas à se faire un nom sur dans le monde des cryptomonnaies.
L’une des principales raisons de ce succès réside dans la personnalité et la communication de l’un de ses fondateurs, et celui qui deviendra le PDG de l’entreprise : Alex Mashinsky.
C’est l’entrepreneur en série israëlien (d’origine ukrainienne) qui sert en effet de visage à l’entreprise, et fait rêver des milliers d’investisseurs en se présentant d’une façon résolument “anti-système”.
Extrêmement virulent envers les banques, notamment, l’homme multiplie les apparitions et les articles afin de présenter Celsius comme une alternative fiable à ces dernières.
“Robin des Bois” des temps modernes selon ses propres termes, Alex Mashinsky prétend prendre l’argent des riches pour le rendre aux nécessiteux. Le discours est fédérateur, et les investisseurs affluent.
L’ascension de Celsius Network
S’il est vrai qu’Alex Mashinsky est un facteur important du succès premier de la plateforme, il n’est certainement pas le seul à en être la cause.
Celsius Network, outre l’entrepreneur israëlien, a également pu compter sur une équipe forte et déterminée.
En mars 2018, elle parvient à lever 50 millions de dollars lors de son Initial Coin Offering (ICO) avec le CEL afin de financer ses projets.
L’Initial Coin Offering est une expression désignant une levée de fonds en cryptomonnaies. Elle provient de l’expression Initial Public Offering, qui désigne cette fois l’introduction en Bourse d’une entreprise.
La plateforme connaît un succès impressionnant dès sa première année, et ses taux de croissance défient tous les records. Son nombre de clients, notamment, explose dès le début, avec une augmentation d’environ 800%.
Petit à petit, Celsius finit par être considéré comme le compte de dépôt de crypto le plus important de la planète. Sa croissance est exponentielle, au point de finir par franchir la barre du million d’utilisateurs et de gérer environ 25 milliards d’actifs, selon Alex Mashinsky.
La faillite de Celsius
Le succès de Celsius Network est fulgurant, c’est indéniable. Il est aussi éphémère.
C’est en 2021 que les premiers gros problèmes surviennent. Le 16 avril, premièrement, Celsius confirme qu’une faille de sécurité s’est glissée dans son système, entraînant l’exfiltration d’une partie de la liste des clients de la société et l’envoi d’un courriel de phishing à ces derniers.
Ce n’est pas la seule alerte. À partir de septembre 2021, un certain nombre d’États américains se penchent sur la politique de paiements des intérêts en crypto de la plateforme, et l’estiment litigieuse, voire illicite.
Le New Jersey et le Kentucky, notamment, ordonnent à Celsius de cesser ce type d’activité.
D’autres signaux inquiétants mettent la puce à l’oreille. Début juin 2022, dans un contexte de crise de la crypto, plusieurs experts estiment déjà que Celsius devrait désormais avoir énormément de mal à payer ses utilisateurs. Pourtant, la plateforme persiste à proposer à ces derniers des rendements à deux chiffres.
Les clients, par ailleurs, commencent à se plaindre d’une mauvaise gestion des fonds de la part de la plateforme suite à l’effondrement de LUNA et de l’UST.
Alarmés, les utilisateurs font des pieds et des mains pour tenter de récupérer leurs fonds, obligeant l’entreprise à vendre ses positions à perte. Au lieu d’apaiser la situation, Celsius Network l’aggrave en suspendant les retraits sur sa plateforme.
Alex Mashinsky, quant à lui, est de plus en plus contesté. Et pour cause : ses mauvaises décisions coûtent cher à sa société – et par ricochet à ses créanciers.
Les pertes sont estimées à plus d’1,2 milliard de dollars. Gravement atteinte, la société procède à un dépôt de bilan.
Le 13 juillet 2022, Celsius Network procède officiellement à une demande de mise en faillite en vertu du chapitre 11 de la loi sur les faillites des USA, grâce à laquelle elle est protégée le temps de se réorganiser.
Alex Mashinsky, sous le coup d’une procédure judiciaire intentée par le procureur général de New-York, démissionne de son poste de PDG le 27 septembre 2022.
De nombreuses histoires ont suivi la faillite, notamment d’importants retraits initiés par le CEO avant de déclarer faillite.
Le 31 janvier 2023, une mise à jour officielle a révélé que 94% des actifs pouvaient être récupérés par les utilisateurs éligibles. La liste était restreinte, et ne concernait que les créanciers possédant 5 000 dollars ou moins.
Pour ces derniers, la date limite était fixée au 9 février 2023.
Le dossier judiciaire précisant les différentes étapes du remboursement, le montant des actifs à récupérer et le nom des bénéficiaires a été transmis au tribunal des faillites des États-Unis.
Le nom et des informations relatives aux investisseurs ont également été mis à disposition de façon publique, ce qui est très problématique en termes de sécurité et de confidentialité.
À quoi faut-il s’attendre ?
Pour les 6% d’actifs restants, et pour les personnes non-éligibles à l’heure actuelle, il faudra par contre attendre que la procédure se poursuive et l’approbation d’une solution qui satisfasse tous les partis concernés.
L’une des réponses avancées par l’entreprise consiste en la création d’un nouveau token côté en bourse et revendable dès que souhaité.
Une solution qui pourrait éventuellement satisfaire les plus gros investisseurs, mais qui est toujours en cours de discussion à l’heure actuelle.
Pour l’instant, les propositions de Celsius peinent à convaincre des créanciers dont la confiance en l’entreprise a été logiquement rompue.
En outre, il faut être conscient que les éventuelles procédures de retrait seront probablement accompagnées de frais de transactions.
Sur cette question, Celsius précise d’ailleurs que les utilisateurs éligibles ne disposant pas d’une quantité suffisante d’actifs pour couvrir leurs frais ne seront pas en mesure de procéder à un retrait.
L’objectif annoncé consiste en un remboursement intégral de tous les utilisateurs. Pour y parvenir, il semble toutefois qu’il faudra s’armer de patience.