10 banques européennes s’allient pour lancer un stablecoin en euro d’ici 2026

Jan-Oliver Sell pilote Qivalis : Expertise crypto et légitimité bancaire

Le consortium mise sur une équipe de direction expérimentée pour naviguer entre innovation blockchain et exigences réglementaires. Jan-Oliver Sell est l’ancien directeur général de Coinbase Allemagne et détenteur de la première licence de garde de crypto-actifs délivrée par la BaFin. Il prend la tête de Qivalis en tant que CEO. Son parcours illustre la maturité croissante du secteur crypto européen et du projet stablecoin.

À ses côtés, Floris Lugt occupera le poste de CFO. Ancien responsable de la Banque de gros des actifs numériques chez ING, Lugt apporte une expertise rare en structuration financière d’instruments blockchain au sein d’institutions bancaires traditionnelles. Cette double compétence sera cruciale pour construire un modèle économique viable tout en respectant les ratios prudentiels bancaires.

Le Conseil de surveillance sera présidé par Sir Howard Davies, figure respectée du monde financier britannique. Davies cumule plusieurs décennies d’expérience en supervision bancaire et gestion de crise. Il est en effet l’ancien président de l’Autorité des services financiers et de la Royal Bank of Scotland. Sa nomination envoie un signal fort aux régulateurs européens sur le sérieux du projet.

Toutes ces nominations restent soumises à l’approbation finale de la Banque centrale néerlandaise. Toutefois, le profil des candidats suggère une validation probable. Le consortium reste ouvert à l’adhésion d’autres banques européennes. Il a l’ambition de créer un standard sectoriel plutôt qu’une solution propriétaire fermée.

Stablecoin dollar : Les régulateurs européens tirent la sonnette d’alarme

L’initiative Qivalis répond à des préoccupations montantes des autorités monétaires européennes. Olaf Sleijpen, gouverneur de la Banque centrale néerlandaise, a explicitement mis en garde contre une croissance incontrôlée des stablecoins dollar qui pourrait forcer la BCE à recalibrer sa politique monétaire. Si une crise de liquidité frappe ces tokens, les ventes d’actifs sous-jacents créeraient des chocs de marché que Francfort ne pourrait ignorer.

Le Conseil européen du risque systémique, présidé par Christine Lagarde, a franchi une étape supplémentaire en octobre dernier. L’instance a identifié des vulnérabilités critiques dans les modèles multi-émetteurs où des entités régulées dans l’UE détiennent des réserves locales pendant que des partenaires offshore gèrent des tokens identiques ailleurs. L’ESRB a recommandé l’interdiction pure et simple de ces schémas, craignant qu’un bank run numérique ne submerge les réserves européennes.

Pierre Gramegna, directeur général du Mécanisme européen de stabilité, enfonce le clo. Il affirme que l’Europe ne peut rester dépendante des stablecoins dollar sans compromettre sa souveraineté financière. Christine Lagarde elle-même compare la situation aux crises bancaires classiques, où des inadéquations de liquidités ont provoqué des effondrements en chaîne. La différence ? La vitesse de propagation dans l’écosystème crypto pourrait rendre toute intervention tardive totalement inefficace.

Cette convergence de vues entre banques centrales, superviseurs et autorités politiques crée une fenêtre d’opportunité rare pour Qivalis. Le projet bénéficie d’un momentum réglementaire favorable, contrairement aux initiatives passées qui ont buté sur l’hostilité ou l’indifférence des autorités.

Qivalis vise l’infrastructure de paiement 24/7 et le règlement-livraison instantané

Le stablecoin développé par le consortium cible des cas d’usage concrets dans l’économie réelle. Premier axe : les paiements transfrontaliers instantanés disponibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Contrairement aux systèmes SEPA qui fonctionnent uniquement en heures ouvrables bancaires, la blockchain permet des transferts quasi immédiats à n’importe quel moment, weekend et jours fériés inclus.

Deuxième priorité : les transactions programmables via smart contracts. Cette fonctionnalité ouvre la porte aux paiements conditionnels automatisés, particulièrement utiles dans la gestion de chaînes d’approvisionnement complexes. Un fabricant peut programmer un versement automatique dès confirmation de livraison par un système IoT, éliminant les délais administratifs et réduisant les risques de contrepartie.

Troisième cas d’usage : le règlement-livraison d’actifs numériques. Le principe du Delivery versus Payment, pierre angulaire des marchés financiers traditionnels, reste compliqué à implémenter dans l’écosystème crypto. Un stablecoin bancaire pourrait faciliter l’échange atomique entre euros tokenisés et autres crypto-actifs, sécurisant les transactions tout en maintenant des standards de conformité bancaire.

Floris Lugt insiste sur la nécessité d’une approche sectorielle harmonisée : « Nous pensons que ce développement nécessite une approche sectorielle et il est impératif que les banques adoptent les mêmes normes. » Cette standardisation rappelle l’histoire de SWIFT dans les années 1970, quand les banques ont compris que l’interopérabilité créait plus de valeur que les systèmes propriétaires concurrents.

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